imaginée avec Pia de Compiègne et Anne-Sophie Turion
Dans le cadre de l'exposition Faire son deuil au CENTQUATRE à Paris
du 17 au 20 février 2009

Alice S. décrit l'appartement de sa mère, qui accumule chez elle mille papiers, boîtes dorées, sacs plastiques, allumettes consumées, emballages de bonbons... Dans l'installation, de grosses masses noires gonflent petit à petit, jusqu'à remplir tout l'espace disponible. Des extraits du témoignage d'Alice S. apparaissent sur les masses tendues.
La syllogomanie est l'accumulation irrationnelle de choses à jeter. Le syllogomane est incapable de séparer des choses, symptôme extrême d'un deuil impossible.
Ici, la vidéo de l'installation par Marguerite Fouletier



Novembre 2008 - entretiens avec Alice S.
« Je peux te parler de l’expérience de maman. Elles étaient deux soeurs et elles ont réagit totalement
à l’opposé au même choc. C’est-à-dire que quand elles étaient petites, elles ont eu 1/4 d’heure
pour se sauver de leur maison : les soldats sont arrivés et elles se sont retrouvées projeté à l’extérieur de leur environnement, de leurs objets, de leurs trucs... C’est un choc brutal de la perte de tout ton environnement, de la maison. (...) La réaction de ma mère a été de devenir incapable de se séparer des choses mais avec une espèce d’avidité à empiler les choses. (...) Ayant perdu brutalement tout son environnement elle cherchait à se recréer quelque chose à elle. Quitte à ce que ce soit des bouts de papiers. Elle se fiche complètement que son espace devienne envahi, débordant. Ça s’entasse, ça s’entasse, ça s’entasse comme ça sans aucun effort pour le gérer. (...) Elle me dit qu’elle prend des notes. Elle écrit dessus les pensées qui lui passent. (...). Elle a peur de perdre ses pensées. (...) C’est pas rangé du tout. C’est entassé. De temps en temps, les piles tombent donc on remet. Cela fait des mélanges. »


